Non, je ne suis pas Gossip Girl

À 14 ans, j’ai connu huit minutes et vingt-quatre secondes de popularité accidentelle, accusée à tort de tenir la page Facebook Spotted de mon établissement scolaire.

Un chapitre sombre de mon histoire personnelle.

Jusqu’ici, voyez-vous, ma vie n’était ponctuée que de victoires simples : avoir survécu sans acné, sans phase Tokio Hotel (l'absence de « y » a été un red flag immédiat) et sans perdre la moitié des petits indices contenus dans la pochette de mon énième exemplaire de Cathy’s Book. Qui sait, sait.

Mais voici que j'étais désormais devenue la paria, la sorcière littéraire qu’il faut brûler à feu doux, un G écarlate (pour Gossip Girl) brusquement épinglé à mon torse, tandis que mes yeux embués entrevoyaient le maillet du juge sanctionner d'un coup sec, brutal et sans appel une fausse sentence que la foule enragée ne — ah, euh, pause. 

Je viens d’entendre mon père murmurer un « Page Spo Ted? Qui est ce Ted? », donc on rembobine. 

Ted, de son vrai nom Spot, est donc un format de page Facebook qui a explosé en popularité dans les années 2010 et par lequel n’importe qui pouvait (et peut encore) se tenir au fait de l’actualité locale brûlante.

Donc : qui sort avec qui, qui souhaite sortir avec qui, qui ne sort plus avec qui et quel professeur mériterait de rester coincé sur une île déserte qu’une équipe de sauveteurs myopes ne parviendra à localiser qu’extrêmement tard, ce qui lui laissera amplement le temps de réfléchir à la note désastreuse (et sans doute méritée) qu’il vient de mettre à l'élève derrière cette même publication virulente.

Bref.

Cette absurde anecdote m’est revenue avec nostalgie dans la nuit, tandis que je cherchais comment entamer la toute première introduction du tout premier numéro de ma toute première infolettre de ce jeudi après-midi. 

Belle boucle temporelle, vous ne trouvez pas? La seule différence étant que, cette fois-ci, cet espace est réellement le mien et je n’aurais aucun mal à le défendre.

Alors bienvenue dans ma Chambre d’Écho. Merci d'y co-exister.

Naturellement, les chaussures se laissent à l'entrée.